Daknam
Le stade de Daknam a abrité pendant de longues décennies un pilier de la D1 belge. Ce club, le KSC Lokeren,
disparaitra en 2020, après avoir écrit quelques belles pages du football belge.
Depuis, son stade abrite son descendant, qui est loin d’avoir les lettres de noblesse de son illustre prédécesseur.
Un stade multisports
Le stade de Daknam, sobrement appelé Stade Communal (« Stedelijk Stadion ») dans ses premières années, a été
inauguré en 1956. Permettant la pratique du football amateur, de l’athlétisme et des courses de chiens, rien ne le prédestinait
à abriter un jour des joutes européennes et une multitude de matches de Division 1.
Le site n’étais constitué que d’un terrain, d’une piste d’athlétisme et d’une tribune de 700 places. Il n’y avait pas de
club résident, les deux clubs de la ville, le Racing et le Standaard FC évoluant sur leurs propres terres.
Il faudra attendre 1970 et la fusion de ces deux clubs pour que le Daknam deviennent un véritable stade de football.
Un club-comète
Ainsi donc, la petite ville de Lokeren (environ 40.000 habitants) fera la connaissance avec le foot en 1915 avec la
fondation du FC Racing Club Lokeren. L’aventure tourna court puisqu’en 1923, le club est déjà mis en liquidation pour une
dette de 61,60 francs belges (soit 1,5 €, sans tenir compte de l’inflation). Immédiatement, un nouveau club est fondé en 1923 :
le Racing Club Lokeren (matricule 282). Quelques années plus tard, un club concurrent fût fondé dans la même ville en 1931 :
le Standaard Football Club Lokeren (matricule 1783).
Pendant longtemps, ces deux clubs ne connaitront pas le succès et mis à part deux saisons en D2 pour le Racing (entre 1945
et 1947), les deux clubs n’évolueront que dans les divisions inférieures.
En proie à des difficultés financières, les deux clubs concluront un mariage de raison en 1970 pour former le
Koninklijke Sporting Club Lokeren (matricule 282). Ses couleurs seront le noir, le blanc et le jaune, d’où le surnom des Tricolores.
Contre toute attente et en l’espace de 10 ans, ce nouveau club passera du statut d’obscure club provincial à une valeur sûre
de la Division 1, se faisant même remarquer sur la scène européenne. Ainsi, la D1 est atteinte en 1974 et excepté 3 saisons
entre 1993 et 1996, la Sporting ne connaitra plus que l’élite du football belge. Par contre, le palmarès restera longtemps
vierge de tout trophée : il faudra attendre 2012 pour voir les tricolores remporter la Coupe de Belgique. Ils rééditeront
l’exploit en 2014. Avant cela, la finale de cette même Coupe de Belgique sera atteinte en 1981, tout comme le titre de vice-champion
de Division 1.
Concernant les compétitions européennes, Lokeren se paiera le luxe de battre le FC Barcelone dans son petit stade lors des
1/16ème de finale de la Coupe UEFA en 1977 (2-1) lors de sa première participation. Les espagnoles passeront
au tour suivant à la faveur de leur victoire 2-0 au Camp Nou.
Toujours en 1981, Lokeren se hissera en ¼ de finale de la Coupe UEFA en étant éliminé par les néerlandais de
l’AZ Alkmaar (2-0 et 0-1). Le Daknam connaitra encore les joutes européennes lors des saisons 1981-1982, 1982-1983,
1987-1988, 2003-2004, 2012-2013 et 2014-2015.
Un stade en mutation
Évidemment, une telle évolution sportive implique pour le club de pouvoir bénéficier des meilleures installations possibles.
Très vite, le Daknam sera métamorphosé. Dès 1974, quatre nouvelles tribunes seront construites autour du terrain et la piste
d’athlétisme sera supprimée. On retrouve latéralement deux tribunes assises et couvertes, tandis que derrière les buts, on
retrouve d’un côté de simples gradins et de l’autre, une tribune de deux étages avec des places debout. Avec sa nouvelle
configuration, le stade peut accueillir 18.000 spectateurs.
En 1980, une nouvelle tribune principale (à l’ouest) est construite, mais seulement au centre du terrain. Sur les côtés de cette
tribune, on retrouve soit des gradins, soit les vestiaires.
Le stade connaitra ses premières rénovations dès 1986. En effet, une tornade arrachera la toiture de la tribune est et dû donc
être reconstruite. Ensuite, le stade restera tel quel une bonne décennie.
Les normes de sécurité et de confort ayant grandement évolué durant les années 90, des travaux seront de nouveau exécutés au
Daknam : les gradins côté sud seront fermés pour vétusté, la tribune nord sera dotée d’un toit et des places assises seront
installées à l’étage supérieur, et la tribune principale sera rénovée et prolongée d’un côté. La capacité chute alors à 9.560 places.
De nouveaux pylônes d’éclairages sont également installés.
Enfin, une dernière rénovation aura lieu en 2008 avec la reconstruction de la tribune sud : ces nouvelles places assises et couvertes porteront la capacité à 12.500 places. Le Daknam répond dès lors aux normes les plus strictes de l’Union Belge et de l’UEFA.
Un club de D1 tous les 20km...
Lokeren se trouve au cœur d’une situation unique en Belgique, et peut-être en Europe.
Si l’on suit le parcours de l’autoroute E17 entre les
frontières néerlandaise et française, on retrouve pas moins de treize clubs qui ont parfois tous évolués en Division 1 en même temps
(l’Antwerp, le
Beerschot, le Germinal Ekeren, Berchem Sport, le
SK Beveren, le SK Sint-Niklaas, Lokeren,
La Gantoise, le Racing Gand,
le SV Waregem/Zulte-Waregem, le Racing Harelbeke, le KV Courtrai et
l’Excelsior Mouscron, et l’on peut inclure
également le SV Roulers et l’Eendracht Alost situés un peu en retrait de cette fameuse autoroute).
Une telle concentration de clubs induit forcément de nombreux derbys passionnés, où parfois la raison n’existe plus. Je me rappelle
notamment d’un derby entre Lokeren (alors en D2) et Beveren (en D1) : les lokerenois fanfaronnait à qui voulait bien l’entendre que le Sporting
bouterait Beveren hors de la Coupe de Belgique mais le résultat fût une douche froide pour Lokeren : un cinglant 0-7 ponctua la rencontre.
Cette concentration de clubs impliquait également une concurrence féroce entre tous ces clubs, pour la plupart issus de petites villes,
avec une base supporters assez restreinte. La capacité des stades de ces clubs reflète d’ailleurs ce fait : à part l’Antwerp et son
immense Bosuil, les stades comportaient en général
entre 10.000 et 18.000 places, rarement 20.000. Et le même problème se rencontre au niveau des sponsors, donc des rentrées financières.
Bien qu’étant la région la plus riche du pays, le voisinage de l’E17 ne pouvait pas permettre à chaque club d’avoir un sponsor d’envergure.
Ainsi, souvent, le sponsor principal était issu de la ville même du club. Avec l’explosion des salaires des joueurs après les années 80,
de tels mécènes ne pouvaient plus continuer à délier continuellement le cordon de la bourse et la plupart de ces clubs ont fini
par péricliter, voire disparaitre. Lokeren en fera bien entendu partie.
Avant de disparaitre en 2020, le club connaitre une nouvelle fusion, totalement inutile cette fois : le SK Sint-Niklaas,
un club voisin ayant connu la D1 mais n’ayant ni public ni moyens financiers, unira son destin avec le Sporting. Le nouveau
club se dotera d’un nouveau blason et d’un nouveau nom : le Koninklijke Sporting Lokeren Sint-Niklaas Waasland. Très vite,
le nom sera changé en Koninklijke Sporting Club Lokeren Oost-Vlaanderen.
Hélas, les problèmes de trésorerie se multipliant les dernières années, le club est contraint de se mettre en liquidation judiciaire
suite à une dette de 5 millions d’euros. Le matricule 282 disparait.
Le Daknam ne peut rester vide
Un tel stade, moderne et confortable, ne peut bien entendu pas rester libre de toute occupation bien longtemps. Toujours en
2020, le petit club KSV Temse, situé non loin de Lokeren, déménage au Daknam. Le nom du club, le blason et les couleurs
sont changées pour faire revivre le défunt Sporting. Désormais, le KSC Lokeren-Temse (matricule 4297) occupe le Daknam et
évolue dans les hautes divisions du football amateur.
Reste à voir si le vieux Daknam reconnaitra la ferveur de la Division 1... Le stade a commencé par abriter le football amateur.
Puis, pendant cinq décennies, le Daknam connaitra les joies de la D1 et des Coupes d’Europe. Avant de retrouver le niveau amateur.
Pour toujours ?
Photos
Daknam
Un stade coincé entre un étang, la campagne et une usine. Situation identique de nos jours.
Daknam
Juste avant les premières grandes rénovations de 1974.
Daknam
Le Daknam, dans les années 80. Capacité : 18.000 places.
Daknam
La tribune nord, avec ses deux étages de places debout, repère du kop lokerenois.
Daknam
Les dégâts provoqués à la tribune est par la tornade en 1986.
Daknam
Le Daknam dans les années 90, peu avant la fermeture de la tribune sud.
Daknam
La tribune principale en 1996. Elle sera totalement rénovée quatre ans plus tard.
Daknam
Le coin entre les tribunes nord et est en 1998.
Daknam
Les grands travaux de 2000 avec la démolition des anciens vestiaires pour permettre la construction de l’extention de la tribune principale.
Daknam
L’extention de la tribune principale.
Daknam
Le Daknam, au début des années 2000, avec des couleurs ne correspondant pas à l’identité du Sporting.
Daknam
La tribune où le Kop a dû déménager après les rénovations de 2000. Les supporters en étaient mécontents.
Daknam
Les business-seats de la tribune principale.
Daknam
L’aspect extérieur du stade après les dernières rénovations.
Daknam
À côté de la tribune principale, une tour pour les caméras et de nouveaux gradins. Pourquoi ne pas avoir étendu la tribune principale à cet endroit ?
Daknam
La tribune principale, à l’ouest.
Daknam
La tribune est, avec des places debout et des places assises à l’étage.
Daknam
La nouvelle tribune sud et ses 2.750 places assises.
Daknam
La tribune nord, où sont désormais logés le Kop et les visiteurs.
Daknam
Le stade a enfin adopté les couleurs su Sporting.
Daknam
Le Daknam est devenu au fil du temps un beau petit stade sympathique.
Daknam
De la D1 au foot amateur... Dommage qu’un tel stade n’abrite plus un grand club.
Note
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Cet article provient de mon ancien site www.foothisto.be mais n’a jamais été publié.
Il a été quelque peu modifié et actualisé dernièrement (avril 2024).
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