Stade Joseph Marien

Si vous cherchez un stade belge encore totalement authentique, c’est à Forest, en région bruxelloise, que vous le trouverez.
Bien que rénové récemment, le Stade Joseph Marien a su garder le visage qui est le sien depuis 1926.

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img > Josh Josh | Webmaster
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Publié le 1 mai 2020

Un stade niché dans un parc

A l’étroit dans son petit stade de la Rue de Forest où elle jouait depuis 1908, l’Union Saint-Gilloise envisage de déménager vers un site plus grand. Club devenu très vite populaire suite à ses premiers titres de Champion de Belgique en 1904, 1905, 1906, 1907, 1909, 1910 et 1913, L’Union domine outrageusement tout le football belge.
Fondé en 1895, le club jaune et bleu sera sacré Champion dès sa première saison en Division 1.

img > Union Saint-Gilloise Afin de pouvoir accueillir toujours plus de monde, l’Union demande de pouvoir utiliser une partie du Parc Duden à Forest, ce vaste parc de 25 hectares appartenant à la Donation Royale. Cette dernière accepte en 1914 et met en location une parcelle de 2,5 hectares.
Hélas, la Première Guerre Mondiale éclate et le premier projet de stade est logiquement annulé. Pourtant, dès 1915, les travaux débutent et c’est un projet revu à la baisse qui commence doucement à sortir de terre. Une fois le conflit terminé, l’Union peut inaugurer sa nouvelle fierté, le Stade Joseph Marien. Le stade est nommé en l’honneur du président de l’Union et instigateur du nouveau stade.
Pour étrenner la nouvelle infrastructure, ce n’est ni plus ni moins que le grand Milan AC qui est invité. Dans la tribune, le futur Roi Léopold III assiste au match, à des démonstrations de gymnastique et des épreuves d’athlétisme.
Le stade peut contenir près de 25.000 personnes.

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L'un des stades des Diables Rouges

img > Royal Belgian FA Si les grands stades commencent à se multiplier en Belgique dans les années 20 (comme à Anvers avec le Bosuil et le Kiel, à Bruxelles avec le Stade Charles Malis ou le Parc Duden, à Liège avec Rocourt et Sclessin), le pays ne possède toujours pas de stade national qui serait propre à l’équipe nationale. C’est ainsi que les Diables Rouges sont obligés de régulièrement changer de stades pour pouvoir jouer. Entre 1921 et 1929, le Stade Joseph Marien a accueilli les vainqueurs des Jeux Olympiques de 1920. Le stade du Daring sera plus souvent visité par les Diables, bien que de plus petite capacité.

La construction du Stade du Centenaire au Heysel en 1930 mettra fin à l’errance des Diables.
Néanmoins, l’équipe nationale rejouera de temps à autres dans les stades des clubs mais plus jamais au Parc Duden.

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Des travaux expéditifs

En 1921, la direction du club décide d’un agrandissement du stade, étant déjà trop petit et démodé.
Sportivement, l’Union est devenu le club numéro 1 en Belgique. Ne terminant qu’à la première ou seconde place en championnat entre 1911 et 1924, le matricule 10 remporte également la Coupe de Belgique en 1913 et 1914. Le nombre de spectateurs explose et l’Union joue tous ses matches à guichets fermés.
Malheureusement, la commune de Forest a des vues sur le stade de l’Union : elle a pour projet d’y construire la nouvelle Maison Communale. Alors que les plans de la nouvelle tribune du stade sont déjà prêts, une lutte de pouvoir entre la direction du club (soutenue par la fédération) et la commune se termine par la victoire de l’Union. Forest construira sa nouvelle Maison Communale à son emplacement d’origine.
Dès la victoire entérinée, une commission spéciale autorise le début des travaux. Le 19 avril 1926, à peine le match Union - Daring terminé, la tribune principale est détruite et remplacée par une construction prestigieuse due à l’architecte Albert Callewaert et au sculpteur Oscar De Clerck. Sa remarquable façade de style Art Déco est décorée de sept panneaux sculptés représentant les deux disciplines phares de l’Union : le football et l’athlétisme. La façade sera classée en 2009.
La construction fût un réel tour de force : entre les premiers coups de pioches et l’inauguration, seuls 118 jours auront été nécessaires pour construire cette grande tribune. La charpente de la toiture sera édifiée en à peine un mois.

L’inauguration se tient le 29 août 1926 en présence de nombreuses personnalités et du prince Charles de Belgique, futur Régent du Royaume. Le Stade Joseph Marien atteint sa capacité maximale avec 30.000 places.

img > Union Saint-Gilloise Du côté du championnat, si l’Union connait une baisse de régime entre 1925 et 1931, le nombre de titre s’agrandit de retour dès 1933 avec trois nouveaux sacres. Sans le savoir, le titre de Champion de Belgique de 1935 sera le dernier du club. Ses trois titres vaudront le surnom d’« Union 60 » au club : entre 1933 et 1935, l’Union ne connaitra plus la défaite en championnat et c’est finalement le grand rival du Daring qui parviendra à mettre fin à cette impressionnante série, série qui n’a jamais été égalée.

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La déchéance de l’Union

Peu à peu, la domination de l’Union sur l’ensemble du foot belge commence à s’émousser. Devant subir la nouvelle concurrence d’Anderlecht, le club de la Butte (surnom du stade) rentrera progressivement dans le rang jusqu’à subir une relégation au terme de la saison 1948-1949. Impensable dix ans plus tôt !
L’Union remonte en D1 très vite mais le club comprend que ses heures de gloire sont derrière lui.
Le club se stabilise une grosse décennie et décroche plusieurs participations en Coupe des Villes de Foires (1958-1960, 1960-1961, 1961-1962, 1962-1963, 1964-1965) et atteint même les ½ finales de cette compétition en 1960.

Mais le ver est dans le fruit et la dernière saison de l’Union en D1 sera la saison 1972-1973.
Depuis, l’Union évolue de la Division 2 à la Promotion, avec une majeure partie du temps passée en Division 3.
Début des années 70, les gradins latéraux sont reconstruits et la toiture de la tribune assise est renouvelé mais le reste du stade n’est plus entretenu : des arbres commencent à pousser dans les gradins. Ils sont condamnés et la capacité chute à 5.500 places.
Même si le nombre de spectateurs a baissé drastiquement, l’Union a toujours pu compter sur des supporters à la fidélité indéfectible. C’est peut-être cela qui a sauvé l’Union de la radiation comme ça a été le cas pour les autres vieux clubs bruxellois.

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Renaissance du stade et du club

img > Union Saint-Gilloise L’Union semble être de ces clubs invulnérables.
Pourtant condamné à errer hors de la Division 1, le matricule est toujours présent. Fort du troisième meilleur palmarès de Belgique (derrière Anderlecht et le Club Brugeois, mais devant le Standard de Liège), le vieux club de la Butte et son stade renaissent en 2016.
Des travaux sont enfin réalisés et l’Union peut dès lors rêver d’un grand retour en Division 1. Pendant ces travaux, l’Union devra émigrer au Stade Roi Baudouin, beaucoup trop grand pour elle.
Pour se faire, les gradins sont reconstruits mais comme le stade est classé, ils ont dû reprendrez la forme d’origine. Et comme les normes de la D1 stipulent un minimum de 5.000 places assises, les anciens gradins sont convertis en places assises. La capacité remonte à 8.081 places, assez pour pouvoir évoluer en Division 1.
En 2021, l’Union a enfin récupéré la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter : le top du football belge, et ce après 48 ans d’attente. À voir comment le vieux club bruxellois arrivera à gérer ce retour parmi l’élite. Une chose est sûre, le public répondra encore présent, malgré les nombreux aléas que le club a connus.

Photos

Stade Joseph Marien

La première tribune du stade, construite en 1915.

Stade Joseph Marien

Match amical opposant la Belgique à la France (4-1) le 25 février 1923.

Stade Joseph Marien

En 1926, inauguration de la nouvelle tribune. Une merveille architecturale.

Stade Joseph Marien

Le stade bondé, dans les années 30. Au fond, les vestiaires en haut de la Butte.

Stade Joseph Marien

Le Stade Joseph Marien en 1941.

Stade Joseph Marien

Réfection de la tribune latérale et de la toiture de la tribune principale dans les années 70. Les tribunes derrière chaque but ne seront jamais rénovées.

Stade Joseph Marien

La belle façade classée de la tribune principale.

Stade Joseph Marien

Le fronton, au centre de la tribune principale.

Stade Joseph Marien

D’anciens guichets, totalement abandonnés, près des anciens vestiaires.

Stade Joseph Marien

Les anciens vestiaires, désormais coupés du stade. Il s’agit de la maison des anciens propriétaires du Parc Duden.

Stade Joseph Marien

Les gradins de buts et les anciens vestiaires, noyés dans la végétation.

Stade Joseph Marien

Seules les deux tribunes latérales sont encore en service.

Stade Joseph Marien

Les ex-gradins côtés marquoir.

Stade Joseph Marien

De l’autre côté, un bâtiment préfabriqué construit devant les anciens gradins.

Stade Joseph Marien

Dans cette configuration, le stade peut accueillir 5.500 personnes.

Stade Joseph Marien

La tribune principale en 2012.

Stade Joseph Marien

En 2016, enfin les grands travaux ont lieu.

Stade Joseph Marien

Les tribunes derrière les buts sont converties en tribunes assises non-couvertes.

Stade Joseph Marien

La capacité du stade monte à 8.081 places.

Stade Joseph Marien

Le stade respecte désormais les normes les plus strictes de l’Union Belge.

Stade Joseph Marien

Malgré les travaux, le stade a su garder toute son authenticité.



Note

  • Cet article provient de mon ancien site www.foothisto.be mais n’a jamais été publié.
    Il a été quelque peu modifié et actualisé dernièrement (mai 2020).

Commentaires

Alexandre Goffin- Overijse

Grand merci de préciser combien nous sommes resté fidèles à notre club malgré les humiliations que nous avons dû subir pendant des années de la Promotion à, enfin, après 48 ans de patience, la division 1

- Belgique

J'ai apporté une modification au texte.


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